MOHINIYATTAM
La Danse de L’enchanteresse
Ce style de théâtre dansé au langage gestuel complexe et aux mouvements circulaires, fait écho à la nature généreuse, abondamment arrosée par les pluies de la mousson du Kerala, au Sud-Ouest de l’Inde, où il trouve ses racines.
Fruit de la rencontre de diverses traditions chorégraphiques keralaises, le Mohiniyattam développa des caractéristiques propres et connut un développement particulièrement florissant au XIXe siècle sous l’impulsion du Maharaja de Travancore Swathi Thirunal. Développement qui malheureusement s’interrompit en raison d’une vague de réformes sociales à l’encontre des pratiques des danseuses et visant à faire cesser toutes formes de représentations dansées. Ne subsistant que sous la forme de traces dans la mémoire de quelques rares danseuses au début du XXe siècle, le Mohiniyattam connut un regain d’intérêt grâce à son intégration dans le cursus de l’académie d'arts de la scène Kerala Kalamandalam fondée en1930 par le poète Vallathol Narayana Menon et à quelques figures clés comme Kalyanikutty Amma et Kalamandalam Satyabhama artisanes du renouveau chorégraphique de ce style. Aujourd’hui très largement enseigné le Mohiniyattam est de nouveau présent sur les scènes indiennes et connait un développement riche et divers.
En raison de son association à la figure de Mohini, incarnation féminine du dieu Vishnou visant à séduire les démons (asuras) et ainsi les détourner de leur dessein, le Mohiniyattam resta jusqu’à très récemment une danse réservée aux femmes. Une pratique masculine de ce style n’a cependant jamais fait l’objet d’une interdiction formelle mais sa « genrisation » fait écho à la pratique quasi exclusivement masculine d’une autre forme de théâtre dansé du Kerala, le Kathakali. Ces deux styles ouvrent aujourd’hui leurs portes aux praticiens des deux sexes même si une pratique masculine du Mohiniyattam reste encore timide.